Expulsion des migrants : Bamako exige une enquête auprès des autorités algériennes

Le silence interrogateur des capitales africaines sur l'expulsion des migrants subsahariens d'Algérie, a été rompu. C'est de Bamako que vient la première réaction et elle réclame l'ouverture d'une enquête. Une position qui pourrait se généraliser dans les autres pays d'origine.

L'affaire de l'expulsion des migrants subsahariens d'Algérie pourrait-elle avoir des répercussions sur le plan diplomatique ? La question se pose devant le silence des chancelleries africaines installées à Alger suite à l'expulsion, il y a deux semaines, de quelques 1500 migrants. Transportés par bus d'Alger, la capitale algérienne, les migrants ont été regroupés dans des camps à Tamanrasset, à l'extrême sud, avant d'être expulsés vers leurs pays d'origine.

Bamako réclame une enquête

Mais, certains de ces migrants expulsés la semaine dernière, ont dénoncé des brutalités policières et même signalé des cas de décès non encore confirmés les spécialistes sur le terrain. Des accusations alarmantes que les 260 Maliens figurant dans le lot des expulsés arrivés à Bamako en début de semaine après avoir traversé par bus le Niger, ont confirmé. Ces derniers ont indiqué s'être fait dépouillés de leurs effets de valeur (téléphones portables, argent,) privés de nourriture et d'eau. Il n'en fallait pas plus pour qu'au Mali, des responsables réagissent allant jusqu'à réclamer une enquête sur les exactions dénoncées par les migrants subsahariens expulsés.

« Nous demandons une enquête au sujet des cas de décès annoncés pour avoir confirmation ou infirmation de cette information. On déplore effectivement le traitement qui a été infligé à nos compatriotes », a confié à nos confrères de l'AFP, Issa Sacko, le délégué général des Maliens de l'extérieur.

Dans la presse malienne, le raisonnement est poussé plus loin. L'Indicateur du Renouveau, un quotidien bamakois indique que, s'appuyant sur des « voies de fait » dénoncées par des associations de droits de l'Homme, « le gouvernement va demander pour une fois des explications à Alger (car) Bamako n'apprécie pas du tout le traitement infligé à ses ressortissants expulsés d'Algérie ».

Alger se mure dans le silence

Pas de réponse et encore moins de réaction officielles du côté d'Alger pour le moment à cette demande d'explication que Bamako veut servir à son voisin du nord. Mais des diplomates maliens à couvert penchent pour cette réponse même s'il fallait froisser les relations avec leurs voisins, vantées pour être excellentes. Plusieurs pays de la sous-région africaines dont les migrants expulsés sont issus pourraient suivre le mouvement malien et exiger l'ouverture d'une enquête sur les conditions humanitaires et humanistes lors de ces expulsions.

L'affaire des expulsions qu'Alger qualifie de « transfert » justifié par une proximité qui favoriserait l'insécurité dans le pays pourrait bien avoir des répercussions diplomatiques entre l'Algérie et les autres pays africains. Ces opérations d'expulsions supervisées par le Croissant Rouge algérien ont dénoncé par les organisations de la société algérienne. Reste à savoir si la menace brandie d'une enquête sera suffisant pour faire respecter à Alger, un processus d'expulsion plus respectueuse des droits de l'Homme.

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