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Peut-on lier terrorisme et immigration ?

A un an de la présidentielle, ce sujet ultra-sensible divise la classe politique et les Français. Après l’attentat de Rambouillet commis par un ressortissant tunisien longtemps en situation irrégulière, le débat reprend de la vigueur, la droite et l’extrême droite critiquant le gouvernement. Peut-on établir un lien ? Si l’on se réfère aux attentats commis depuis une décennie dans l'Hexagone, la réponse est contrastée, et on enregistre une évolution.

Le contexte

Un assaillant de 36 ans, Jamel Gorchene, a tué vendredi une agente administrative dans l’enceinte même de l’hôtel de police de Rambouillet (Yvelines). Ce ressortissant tunisien, arrivé clandestinement en France en 2009, avait été régularisé dix ans plus tard.

Exerçant la profession de chauffeur-livreur, domicilié à la fois à Rambouillet et dans le Val-d’Oise, il avait obtenu en décembre 2020 un titre de séjour valable un an. Jusqu’alors inconnu des services de police et de renseignement, il présentait dernièrement des signes « peu contestables » de radicalisation, ainsi que « certains troubles de la personnalité » selon le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard. 

Cet attentat intervient alors qu’il y a quelques jours seulement, le président Macron intensifiait son offensive sur le volet sécuritaire de sa politique, à un an seulement de l’élection présidentielle. En seulement un an, la préoccupation « sécurité » a gagné 26 % chez les Français, selon un sondage du Journal du dimanche, pour apparaître comme l’une des thématiques majeurs du scrutin de 2022.

Les réactions politiques

Le Rassemblement national estime que ce lien entre terrorisme et immigration existe depuis longtemps. Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan a déclaré après l'attaque à Rambouillet qu’elle était "est une des conséquences majeures de la submersion migratoire que nous subissons ».

Une partie de la droite a repris depuis l’attentat les mêmes arguments. « Si on veut lutter contre le terrorisme de manière efficace, il faut d’abord cesser de nier le lien entre terrorisme et immigration. Il y a un lien notamment avec l’immigration la plus récente », a ainsi déclaré Valérie Pécresse.

Nécessité absolue de mieux contrôler nos frontières" pour Le Maire et Pécresse

Critiqué pour son « laxisme » sur la thématique de la sécurité, l'exécutif, comme la gauche conteste ce lien. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a dénoncé dimanche, chez certains à droite, "un discours qui consiste à dire qu'immigrés égale terrorisme", "qui vise à dresser les gens les uns contre les autres, à attiser la haine dans notre pays et qui au final ne sert pas l'intérêt et la protection des Français".

M. Attal a même qualifié Marine le Pen de « vautour ». Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, issu de la droite, a offert pour sa part une réponse plus nuancée. "Il y a un fait : les attentats perpétrés sur le sol français depuis plusieurs mois l'ont été par des personnes immigrées", a-t-il reconnu, plaidant comme Valérie Pécresse pour "la nécessité absolue de mieux contrôler nos frontières" .

« Beaucoup de personnes immigrent et s'installent et font la richesse de la France, et ne sont pas des terroristes », s'est indignée de son côté Audrey Pulvar, candidate PS à la présidence Ile de France, sur un sujet ultra concernant en région parisienne notamment, où se concentrent la majeure partie des attentats terroristes depuis une décennie.

"Une banalisation de ce discours", selon les associations de défense des migrants

Le Conseil des ministres a décidé mercredi la création d'un poste de préfet délégué à l'immigration auprès du préfet de police de Paris, dont la mission consistera à coordonner la gestion des flux migratoires, particulièrement importants, en Ile-de-France.

Cette controverse inquiète les associations de défense des migrants, qui dénoncent une radicalisation des débats. Ainsi, Geneviève Jacques, présidente de la Cimade, dit constater "une certaine banalisation de ce discours dans la période actuelle qui nous préoccupe beaucoup et préoccupe beaucoup tous les défenseurs de la démocratie et des droits des plus vulnérables". 

Pour le sociologue Jean-Baptise Meyer, qui s’est notamment penché sur cette question pour le musée national de l’histoire de l’immigration, il y a un « tabou à déconstruire » : « Etudier directement le lien entre « terrorisme » et « migration » invite à déconstruire les amalgames simplistes entre religion, origine migratoire et radicalisation.

Si les données statistiques montrent que les terroristes qui ont frappé la France sont en majorité français, elles font apparaître en creux des problématiques existentielles bien connues des études migratoires. Facteur parmi d’autres de la fabrique du radicalisme musulman, nourri tout autant du mal-être social que du sentiment de déracinement, l’empreinte du parcours migratoire révèle l’asymétrie délétère d’une forme de mondialisation aux conséquences inquiétantes ».

La réalité : davantage de ressortissants français mais une évolution des profils en 2020

Au milieu des années 2010, notamment en 2015 (Charlie Hebdo et novembre 2015), les attentats ont été commis de façon élaborée, via des filières ou des organisations parfois basées à l’étranger (Yemen ou Syrie), mais avec des ressortissants français, comme les frères Kouachi ou Amedy Coulibaly, ou la quasi-totalité des auteurs du 13-novembre (les frères Abdeslam, Amimour, Mostefai au Bataclan). Ou ils possèdent parfois la double nationalité, comme Mohamed Merah (Toulouse, 2012).

Sur tous les attentats islamistes perpétrés en France durant la dernière décennie, près de 80 % des auteurs sont de nationalité française, même s’ils sont, pour beaucoup, issus de vague de migrations plus anciennes, par leurs parents ou leurs grands-parents généralement originaires du Maghreb. "Depuis 2015, les quatre cinquièmes des auteurs d'attentats terroristes" en France "sont des ressortissants français", a rappelé Laurent Nunez, coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme.

Depuis la vague terroriste de 2015, la menace a changé, elle est devenue davantage endogène. On constate une nette évolution dans la stratégie terroriste, liée sans doute à l'affaiblissement de Daech et à un contre-terrorisme français et européen plus performant. Résultat : moins de filières et réseaux (parfois en apparence) et de grandes opérations téléguidées, plus d’attaques qualifiées parfois de « low-cost », avec un auteur isolé. Et même un changement dans le modus operandi : l’arme blanche ou le couteau. 

Il est vrai qu'on constate un changement dans les profils des assaillants : sur les six attentats commis en 2020, quatre l’ont été par des réfugiés ou migrants.

Attentat du 4 avril 2020 à Romans-sur-Isère (2 morts, 5 blessés) : l’auteur est un réfugié soudanais de 33 ans Abdallah Ahmed-Osman. Il a obtenu le statut de réfugié le 29 juin 2017 et un titre de séjour de dix ans cette même année9 délivré par la préfecture de l'Isère.

Attaque du 25 septembre 2020 à Paris (2 blessés, anciens locaux de Charlie Hebdo) : l’auteur est Zaheer Hassan Mehmood, un Pakistanais de 25 ans, entré en France quelques années plus tôt.

Attentat de Conflans-Sainte-Honorine 16 octobre 2020, (un mort, le professeur Samuel Paty) : l’auteur est Abdoullakh Anzorov, 18 ans, citoyen russe d’origine tchétchène, qui bénéficie du statut de réfugié grâce à ses parents.

Attentat de la basilique Notre-Dame de Nice le 29 octobre 2020 (3 morts) : l’auteur est Brahim Aouissaoui, un Tunisien de 21 ans, arrivé clandestinement à Nice deux jours plus tôt.

 

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